La dralleuse

20,00

de Martine POTTIER

Figurez-vous qu’au village, on a vite oublié mon ancien surnom de la parisienne pour me donner celui de « la marcheuse », Louis me dit que c’est gentil et moqueur de la part d’une population qui trouve bien inutile toutes ces lieues abattues pour rien.

– On voit d’tout avec ces Parisiens ! disent-ils derrière mon dos.

La femme du boulanger, cette grenouille de bénitier a bien essayé de me faire surnommer « la dralleuse ». « Qu’est-ce qu’elle dralle comme çà, celle-là ? » dit-elle avec mystère aux clients qui ne s’en laissent pas compter. Cela peut se traduire par : Où traîne-t-elle ? Qu’est-ce qu’elle fouille ? Qu’est-ce qu’elle veut trouver chez nous ?

 

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Description

1898. La dralleuse, c’est Catherine, une femme libre, qui à 38 ans devient institutrice et vient chercher un sens à sa vie dans cette Basse-Normandie si différente de tout ce qu’elle a connu. Elle s’attache vite à la beauté et aux coutumes du pays. L’amour inattendu d’un enfant lui apporte bien des surprises.

Martine Pottier passe son enfance en Normandie avant de revenir faire des études de chimie à Paris. Elle s’installe dans la capitale pour faire carrière dans les hôpitaux de Paris.
Restée en contact étroit avec sa famille en Normandie, elle s’inspire des histoires racontées par ses parents et de son attachement à cette région pour écrire son premier roman.

Informations complémentaires

Auteur

Pottier Martine

Date de sortie

2011

Page 1

PARIS 1898

Depuis le lever du jour un temps maussade sévissait sur la ville. Un vent d’ouest violentait la capitale de ses bourrasques, amenait de fortes pluies, soulevait jupes et chapeaux, retournait les parapluies, les emportant au loin, laissant leurs propriétaires penauds et stupides sur le bord du trottoir. L’instant d’après un soleil narquois rayonnait et brillait sur les pavés délavés, se reflétait sur les toitures en zinc des immeubles éblouissant l’œil accoutumé à la noirceur du ciel. Alors la vie reprenait à chaque coin de rue qui retrouvait ses animations, ses bruits, sa fureur et sa gaieté perdus momentanément.
C’était le temps des giboulées, tardives en cette mi-avril, les derniers sursauts d’un hiver frileux à l’approche des beaux jours.
Dans la gare Montparnasse, l’averse de grêle s’était abattue, violente et brutale, sur l’armature élégante de fer et de verre masquant ainsi les bruits habituels qui étourdissaient les voyageurs du grand hall. Catherine aimait l'endroit qui vivait dans l’agitation perpétuelle et fébrile du voyage. Elle échafaudait la vie de ceux que les trains vomissaient encore hagards des brumes de la nuit, des êtres qui se côtoyaient indifférents les uns aux autres et se bousculaient dans la confusion pour arriver au plus vite au bout du quai. Ces bouts de quais suaient le sentiment. Tour à tour témoins des douleurs d’une séparation, du bonheur des retrouvailles familiales, des amours d’un jour ou de toujours promies au fond d’un lit de chambre d’hôtel. Catherine enviait le gendarme de service, planton du jour, assigné à la surveillance du quai qui avait tout loisir de laisser cours à son imagination. Elle s’enivrait de la folie collective qui régnait dans les gares en permanence, du brouhaha des conversations, des cris des employés à la casquette sur le côté qui, se frayant un chemin parmi la foule, poussaient avec effort des chariots grinçants de marchandises diverses cachées au fond de grands paniers d’osier. Elle s’attendrissait des appels des marchandes à la sauvette qui promettaient les meilleurs produits aux meilleurs prix, des gamins qui tendaient les dernières nouvelles griffonnées par les machines typo sur du papier blanc et qui fleuraient bon l’encre noire.
Les gares, c’était aussi le rêve, l’espoir, la promesse d’une vie meilleure, de voyages infinis, de rencontres humaines toujours enrichissantes, le bonheur au bout du quai peut-être. C’était l’invite joyeuse des sifflets des locomotives.

1 avis pour La dralleuse

  1. admin

    Posté par cbv5 sur le site de la FNAC le 3-12-2012
    Roman normand
    A tous ceux qui aiment la Normandie, vous y trouverez toute l’atmosphère du bocage normand ! Très agréable ! Lhéroïne est attachante, et on aime la suivre dans la découverte de cette magnifique région et de ses habitants.

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